L’étape du Tour 2012

Dans les Pyrénées,

par Bruno Jacob :

Cette année 2012, le jour de mon

 anniversaire (14 juillet),

j’avais décidé de m’offrir l’étape du Tour de France « Pau-Bagnères de Luchon« , courue par le Tour de France le mercredi 18 juillet. Au menu : 201 kms, 5 200 m de dénivelé positif, 71 kms d’ascension et 30 kms en faux plat montant, et 4 grands cols l’Aubisque, Le Tourmalet, l’Aspin et le Peyresourde (plus le Soulor), 2 cols Hors Catégorie et 2 cols de 1ère catégorie.

Même si cette année, le quota des 10 000 participants n’a pas été atteint. On était 8545 inscrits.

Début Juillet, je me vois attribué le dossard 3983, je partirais donc dans le 5ème sas  de 1300 cyclos. İl y a 9 sas en tout, le départ de chaque sas étant espacé de quelques minutes. Le vendredi, au retrait du dossard, avec mon diplôme de la PLB, j’arrive à obtenir le dossard 3357 et je partirai dans le sas 4 de 1200 cyclos tout de même. Ce vendredi, la température est très bonne et j’avais consulté la météo au départ de Perpignan. La prévision était très optimiste… !

Quand je suis arrivé à Pau, à 6h15 le samedi matin, la température était très douce, je me suis donc habillé en court sans prendre avec moi de K-way, ni même de manchettes. En fait, seuls le départ à Pau, à 7 heures sur l’immense place de Verdun, et l’arrivée à Bagnères-de-Luchon devant la mairie, ont été au sec !!!!

Du beau monde au départ : Sébastien Chavanel d’Europcar, Morgan Kneisky ou Mathieu Boulo de Roubaix-Lille Métropole, Guillaume Faucon d’Auber 93, …. mais surtout une majorité de jeunes sans un pouce de graisse et ne parlons pas des montures, que de superbes vélos. Mon épouse me demande pourquoi je ne me rase pas les jambes car elle constate que tous les autres cyclos ont les jambes rasées !! (C’est bien là une observation de femme !)

Dans le sas 4, je me retrouve avec Florent. On discute environ une heure dans l’attente que notre sas soit libéré. Les routes du départ sont larges et sans danger. Le paquet roule bien. On reprend rapidement 2 groupes partis dans les sas précédents. Une première côte, vers le vingtième kilomètre, fait un bon écrémage dans notre paquet et ça relance bien. Florent me dit qu’il doit temporiser car son cardio indique 175, je suis surpris car le mien est à 130. Comme d’autres, il décroche rapidement du groupe.

Le col d’Aubisque : Très vite, on part à l’attaque de la première grosse difficulté du jour, à partir de Laruns pour l’échauffement, puis des Eaux Bonnes pour les vraies difficultés. Comme tout vététiste, j’ai l’habitude de mouliner, mon vélo est équipé d’un triple plateau (30x39x51), je commence à me mettre en danseuse sur le petit plateau et tout de suite ça craque !!!, j’insiste un peu mais ça craque tellement que je crains de casser ma chaîne, il faut me résigner à repasser sur le 39 dents. Un cyclo à coté de moi, me dit que ma transmission est morte. Je lui réponds que ce n’est pas possible car ma transmission est neuve. İl me dit alors que ça vient de la chaîne.

Et vlan, je percute…, j’ai changé la cassette, la chaîne, les 2 grands plateaux mais… pas le petit qui ne me paraissait pas usé ! Pendant quelques minutes, je m’en suis voulu, surtout que le petit plateau ne coûte pas une fortune, mais que faire ? Rien… il me faut accepter ce dysfonctionnement.

La pluie d’abord, puis le brouillard et ensuite le froid vont vite tester ma faible résistance à l’humidité et au froid avec ma tenue d’été. La montée de l’Aubisque n’est pas facile mais les forces sont encore là car c’est le début. Mais de toute façon, j’avais décidé de faire cette étape cool et de ne jamais dépasser 160 en fréquence cardiaque. Je m’étais assez fait mal à PLB. Je ne voulais pas recommencer l’expérience d’autant que le soir, il y avait la route pour rejoindre Perpignan. En fait dans les cols, je n’ai jamais dépassé 135, le froid m’a totalement anesthésié… du début à la fin de l’étape.Florent m’avait prévenu qu’il y avait un tunnel non éclairé dans la descente de l’Aubisque, je le traverse avec beaucoup de précaution.

Le col du Soulor : s’avale aisément mais sa descente est froide, longue, et pluvieuse. Avec mon vélo à guidon plat, mon centre de gravité est haut. Autant dire que je ne suis pas très facile dans les descentes et en plus la chaussée étant mouillée, je ne prends aucun risque.

Quand je dépasse un concurrent, j’en suis dépassé par 10 dans les descentes dont certains qui me semblent tout de même prendre des risques compte tenu des conditions de route. Cependant je n’ai vu aucun accident sauf un concurrent qui a fait un tout droit dans un virage pour s’étaler sur l’herbe, mais ça ne l’a pas calmé car il m’a redoublé plus loin dans la descente.

Heureusement que la gendarmerie était là pour nous prévenir des dangers « itinérants » des troupeaux de vaches ou de moutons situés au bord de la route et qu’ils pouvaient traverser à tout moment. À La Mongie, dans la partie la plus pentue, il y a un petit kilomètre bien signalé de route boueuse. İl faut faire extrêmement gaffe, mais ça passe. Vaches et moutons décident de nous laisser passer, mais le vent me glace les muscles. En arrivant dans la vallée, le vent s’y mêle, impossible de mettre les lunettes avec la pluie mais avec le vent, la pluie single les yeux, m’obligeant à fermer un œil et parfois les deux. Je suis parfois au ralenti tant je suis gêné pour voir la route. Je retrouverai ce même phénomène dans la descente vers l’arrivée.

Le Tourmalet : impossible de se réchauffer avant de partir à l’assaut du géant des Pyrénées que l’on aborde par Luz Saint-Sauveur. Le col est long, 18 km, et il n’est pas facile et tout particulièrement les derniers kilomètres. Il fait horriblement froid et je n’arrive même pas à me réchauffer en montant. J’ai mal au bide et une sacrée envie de faire « pipi » mais je ne veux pas m’arrêter dans la montée car je crains que la remontée sur le vélo soit difficile. Je descends de vélo pile au sommet du Tourmalet pour me soulager, je reste quelques minutes mais impossible de faire « pipi »… Tout mon organisme est gelé, incapable de déclencher l’opération soulagement. Je ne comprends pas ce qui m’arrive et je dois me résigner à remonter sur mon vélo. Tout le monde s’arrête au sommet pour se couvrir avant de se lancer dans la descente du Tourmalet. Pour ma part, je dois repartir avec ma tenue d’été. Il fait 5 degrés au sommet, mais avec la pluie et le brouillard, le froid ressenti doit être bien inférieur, c’est la Galère ! La descente est toujours aussi dangereuse avec parfois du brouillard tellement épais qu’il cache le virage suivant. Heureusement que la gendarmerie était là pour nous prévenir des dangers « itinérants » comme

La montée de l’Aspin est assez facile. Au sommet, un type compte le nombre de concurrents passés, il m’annonce 1010. Je suis assez surpris mais je sais que je suis parti au début du sas 4 et il y avait 9 sas, ce classement reste donc arbitraire.

Peyresourde :  Les kilomètres du col de me paraissent longs. Des camping-caristes sont déjà postés pour les étapes de mercredi, mais il fait tellement mauvais qu’ils nous regardent passer par une fenêtre de leur Camping-car.

Les premiers cols sont les plus difficiles, et les deux derniers largement plus roulants. Mais la complication, outre l’enchaînement des difficultés sur 201kms, c’est le froid, la pluie et le brouillard qui m’ont accompagné tout au long du parcours. Finalement, je rejoins Bagnères de Luchon à la 1075ème  place sur 4696 concurrents classés. Cette étape a été si difficile que près de 4000 concurrents n’ont pas rejoint l’arrivée soit par abandon soit éliminé en cours de route pour passage hors délai, car, afin de ré-ouvrir la route à la circulation, des portes horaires étaient placés à différents endroits du parcours. Les concurrents qui n’étaient pas passés à l’heure limite prévue étaient stoppés et priés de monter dans le bus balai.

Jamais ça ne m’est venu à l’idée d’abandonner, mais quel amateur j’ai été de ne pas savoir que le temps change vite en montagne et de ne pas avoir pris avec moi de quoi me protéger de la pluie et du froid !… Cela a tout de même été la galère, et sur le vélo je me disais que je ne ferai plus une autre étape du tour.

 Mais le lendemain, j’ai déjà oublié la galère et il me reste plus que les bons souvenirs et surtout la satisfaction d’avoir terminé le parcours. Bruno Jacob.

Une autre version bretonne : lien

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